La plus grosse erreur était d’avoir négligé le secteur de l’éducation
On a négligé de faire éveiller les élèves sur des notions aussi simples que l’importance du respect, de la tolérance, du droit à la différence, du vivre ensemble dans la diversité, du savoir-être en plus du savoir-faire,…
On a négligé le fait de leur octroyer un enseignement de qualité, inclusif, ouvert, curieux, critique, un enseignement créatif et développant l’imaginaire, l’art, la culture aux côtés des sciences fondamentales et expérimentales, des humanités, se poser des questions, douter en permanence.
On a négligé de faire aimer le travail, le travail bien fait, le goût de l’effort, la persévérance, et détecter les compétences chez les apprenants, un enseignement sans standardisation, où chacun trouve son compte car chacun est forcément doué en quelque chose et qu’on se doit de stimuler et développer en lui. Il n’y pas de mauvais élèves, une mauvaise pédagogie oui.
On a négligé l’instituteur, ses conditions de travail, sa blouse, son apparence face à ses élèves, en tant que figure d’exemple, qu’il soit propre sur lui, qu’il ne fume pas, en tout cas pas devant ses élèves où qu’ils soient, élégant à l’école et dans la vie, comme on l’a connu jadis.
On a négligé le professeur, à qui on n’a pas donné les outils pédagogiques afin de créer l’émulation nécessaire auprès de leurs élèves, on a négligé de bien les payer pour qu’ils voyagent et voient d’autres horizons afin de répandre la lumière du monde sur leurs élèves, afin de les faire conscientiser la complexité du monde qui les entoure, à faire relativiser les concepts, les goûts, les couleurs, les 50 nuances de gris…
On a négligé l’université, le travail en équipe des étudiants, les exposés et les stages, le goût à la recherche scientifique, la maîtrise des langues, la culture générale, les activités artistiques et sportives, les voyages de promos, ah les voyages quand on a 20 ans, même à Nefta en bus !
On a négligé de détruire ces silos que sont les différents cycles de l’enseignement, et qui ne permettent pas une harmonie pédagogique, on a négligé l’autonomie de gestion des établissements scolaires et universitaires, on a négligé les cellules d’écoute psychologique au sein des lycées, la vie scolaire et universitaire…
On a négligé nos enfants, nos enseignants, notre école, notre université, notre centre de formation professionnelle, notre socle républicain, on a tout négligé !
Aujourd’hui tout ceci nous retourne à la figure tel un boomerang, avec la même violence qu’on a infligé à l’école, avec la violence verbale, la violence physique, jusqu’à donner la mort à autrui, jusqu’à se donner la mort parfois, en tentant de fuir son pays et à élire des gens pour se venger d’autres gens et non pour des projets.
Est-ce récupérable ? Est-ce irréversible ? Est-ce qu’on réussira un jour à redorer le blason de l’école, de l’apprenant et de l’enseignant ? Il le faut pourtant, il en va de notre survie ici et maintenant dans ce pays qui a misé pourtant, à l’aube de l’indépendance sur le capital humain, son éducation, sa santé…
Walakom sadid annadhar.