Pourquoi le gouvernement ne subventionne-il pas l’huile d’olive pour pallier la pénurie de l’huile végétale ?
La pénurie des huiles alimentaires continue et ses prix ont atteint des niveaux records au cours des derniers mois avec une hausse dépassant 22% au mois de décembre écoulé.
Bien que la consommation locale d’huile d’olive ne dépasse pas 25% de la production nationale, la rareté des huiles de cuisson végétales peut faire de l’huile d’olive locale l’une des alternatives les plus importantes.
La pénurie continue pour de l’huile de mauvaise qualité
Sur le marché, le prix de l’huile d’olive varie actuellement entre 12 et 15 dinars/litre contre un prix moyen compris entre 10 et 11 dinars la saison dernière. La Tunisie est le troisième exportateur mondial d’huile d’olive à souffrir de la crise pétrolière, mais la population est obligée de faire la queue pour obtenir une bouteille d’huile subventionnée de mauvaise qualité en raison de l’incapacité financière d’acquérir de l’huile d’olive.
Les estimations officielles de la récolte d’olives au cours de la saison 2022/2023 indiquent qu’elle atteindra environ 200 mille tonnes, enregistrant ainsi une baisse d’environ 17% par rapport à la saison précédente, qui avait enregistré une récolte de 240 mille tonnes.
Dernièrement, le directeur général de la production agricole au ministère de l’Agriculture, Abdelfattah Saïd, a déclaré que la récolte enregistrera une baisse cette année en raison des conditions climatiques et d’autres facteurs.
Les responsables de l’Office national de l’huile confirment que le prix de l’huile d’olive est soumis à la règle de l’offre et de la demande tout en s’attendant à ce que les prix augmentent cette saison en raison du manque de production mondiale d’olives de 25% à la suite de la sécheresse dans les pays méditerranéens et les vagues de chaleur.
Inciter à la consommation de l’huile d’olive
Le taux de consommation tunisien est actuellement d’environ huit litres d’huile par personne et par an, soit 7,2 kg, contre environ neuf litres, soit 8,2 kg par personne et par an en 2000, selon l’Institut national de la consommation.
Des observateurs ont souligné la possibilité d’allouer une part de la production locale d’huile d’olive au profit des familles à des prix subventionnés, ce qui augmenterait la consommation locale de ce produit contre une réduction de la consommation du reste des huiles végétales dont les importations ont augmenté en 2022 de 48,5% en volume pour atteindre la valeur de 1398 millions de dinars, considérant que de telles décisions nécessitent des politiques gouvernementales claires et une modification de la programmation de la production et de l’exportation en fonction de la nouvelle réalité du marché.
La crise de l’huile de cuisson en Tunisie fait partie des crises dues au monopole, à la spéculation et à l’orientation des quotas de consommation familiale vers les restaurants et les industries alimentaires.
Les observateurs estiment que la crise des huiles alimentaires ne prendra pas fin avant la restructuration du système, ce qui n’est pas évident sachant que l’Etat dépense 290 millions de dinars par an pour subventionner ce produit dont la disparition du marché a privé les classes faibles et moyennes d’une denrée alimentaire sensible.
La Tunisie importe les huiles alimentaires par l’intermédiaire de l’Office national de l’huile avec un quota annuel d’environ 165 mille tonnes (soit environ 15 mille tonnes par mois), qui sont distribuées aux fabricants pour la mise en bouteille puis aux grossistes qui les répartissent entre les détaillants avec des marges correspondant aux coûts des subventions.