Dr MOHAMED KHEMAKHEM : Un musicologue ambitieux
Premier octobre 16.. Le professeur de musique entre dans cette salle de classe
du lycée de garçons, grand, maigre et silencieux, il entame une belle carrière
après de nombreuses années d’études sanctionnées par le diplôme du
conservatoire de Tunis. Il avait tout ce dont il a besoin, mais quelque chose
semble lui manquer, sa frustration est perceptible. Il prend en main la troupe
musicale du lycée puis celle de toute la ville. Il compose un hymne national de
la jeunesse et décroche le premier prix. Son intégration commence à un rythme
rapide. Membre du comité culturel, président du club musical, producteur à la
radio, membre du bureau régional de la jeunesse scolaire. Mais toujours cette
frustration.
Premier octobre 197… La chambre n° 71 à la Maison de Tunisie à Paris est très
animée. Les airs fusent d’un vieux magnétophone qui s’arrête régulièrement
pour céder la place à un tendre luth… A Sfax, le « professeur de musique n’est
plus ». A Paris, un « étudiant tunisien prépare un doctorat en musique ». Les
jeux sont donc faits.
« TRES HONORABLE »
Mi-décembre 1974, la nouvelle est enfin connue, M. Mohamed Khemakhem,
l’ancien professeur de musique est maintenant docteur en musicologie.
Soutenant une brillante thèse portant sur « la musique tunisienne
traditionnelle : Formes et structures », devant un jury composée d’éminents
chercheurs dont M. Saleh El Mahdi, mon ancien professeur a obtenu son
doctorat « avec mention » très honorable et félicitations du jury ». Voilà
l’hommage le plus vibrant qu’on puisse rendre à ses efforts et le meilleur
couronnement qu’on puisse apporter à son œuvre.
Pour le moment. M. Khemakhem s’est empressé de rentrer à Sfax où un accueil
particulier lui est réservé. Que fera-il ? La réponse est un peu floue. De toutes
les manières quelques semaines de repos sont méritées. Après, il pourra
entamer sa nouvelle carrière de muscicologue.
L’ambition n’a pas de limites. Le brillant succès de M. Khemakhem le montre
bien.
Taoufik Habaïeb (1975)