ArrĂȘter les violations graves et massives des droits les plus fondamentaux !

Aucune circonstance exceptionnelle ne peut justifier la torture et la violence
La Terre est aujourdâhui un patrimoine en pĂ©ril, et lâespĂšce humaine elle-mĂȘme est en danger
Face Ă lâexplosion de violence que constitue une guerre, les frontiĂšres de lâhumanitĂ© se trouvent rĂ©interrogĂ©es, repoussĂ©es.Certes, « Garantir la justice suite Ă de graves violations relĂšve tout dâabord de la responsabilitĂ© du pays dont des ressortissants ont participĂ© aux violations ». Ainsi, les conflits armĂ©s internationaux sont rĂ©gis par les traitĂ©s du droit international humanitaire, notamment les quatre Conventions de GenĂšve de 1949 et le Premier protocole additionnel de 1977 Ă ces Conventions, ainsi que les Conventions de La Haye de 1907, qui portent sur les mĂ©thodes et moyens de guerre. En outre, les rĂšgles du droit international humanitaire coutumier sâappliquent aussi aux conflits armĂ©s internationaux.
Le droit international humanitaire, ou les lois de la guerre, garantit la protection des civils et des personnes ne participant pas aux combats contre les dangers dâun conflit armĂ©. Ainsi, il rĂ©git la conduite des hostilitĂ©s, Ă savoir, les moyens et mĂ©thodes de guerre, par toutes les parties Ă un conflit. La principale rĂšgle veut que les parties Ă un conflit doivent impĂ©rativement distinguer, Ă tout moment, les combattants des civils. Selon les lois de la guerre, les attaques doivent ĂȘtre limitĂ©es et ne viser que des « objectifs militaires », les civils ne peuvent jamais ĂȘtre la cible dĂ©libĂ©rĂ©e dâattaques..
Ainsi, l’Ukraine et la Russie sont toutes deux parties Ă de nombreux traitĂ©s rĂ©gionaux et internationaux relatifs aux droits humains, notamment la Convention europĂ©enne des droits de lâhomme (CEDH), le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dĂ©gradants. Ces traitĂ©s formulent des garanties pour les droits fondamentaux, dont un grand nombre correspondent aux droits auxquels les combattants et les civils peuvent prĂ©tendre en vertu du droit international humanitaire.

Aucune circonstance exceptionnelle ne peut justifier la torture. En vertu du droit international coutumier et du Statut de Rome qui a instituĂ© la Cour pĂ©nale internationale, lorsquâelle sâinscrit dans le cadre dâattaques systĂ©matiques Ă grande Ă©chelle contre la population civile, la torture constitue un crime contre lâhumanitĂ©.
Par ailleurs, les violations graves du droit international humanitaire commises avec une intention criminelle, sont des crimes de guerre. Ces crimes sont Ă©numĂ©rĂ©s dans les dispositions sur les « infractions graves » des Conventions de GenĂšve et considĂ©rĂ©s comme des violations du droit coutumier dans le Statut de Rome de la Cour pĂ©nale internationale et dâautres sources, comportent un large Ă©ventail dâinfractions « attaques dĂ©libĂ©rĂ©es, sans discrimination et disproportionnĂ©es portant prĂ©judice Ă des civils ; prises dâotages ; utilisation de boucliers humains ; et peines collectives, entre autres ».
Les gouvernements ont lâobligation dâenquĂȘter sur les violations graves impliquant leurs reprĂ©sentants ou dâautres personnes relevant de leur compĂ©tence. En effet, la Cour pĂ©nale internationale (CPI) est un tribunal international permanent dont le mandat est dâenquĂȘter, dâintenter une action en justice et de juger les personnes suspectĂ©es dâimplication dans le crime de gĂ©nocide, des crimes contre lâhumanitĂ© ou des crimes de guerre commis aprĂšs le 1er juillet 2002 (date de crĂ©ation de la Cour).
Les tribunaux nationaux peuvent par ailleurs juger des affaires liĂ©es Ă la violation du droit international. En effet,la CPI poursuit les personnes accusĂ©es des pires atrocitĂ©s commises dans le monde, notamment les gĂ©nocides, les crimes de guerre et les crimes contre lâhumanitĂ©. Les individus peuvent Ă©galement ĂȘtre jugĂ©s par des tribunaux nationaux.
Toutefois, mĂȘme la CPI ne peut poursuivre le crime dâagression â lâattaque dâun Ătat contre un autre planifiĂ©e par un dirigeant politique ou militaire â si ce pays nâa pas ratifiĂ© le Statut de Rome, ce qui est le cas de la Russie et de lâUkraine.
La CIJ, dont les dĂ©cisions sont dĂ©finitives et sans appel, « ne dispose pas dâun mĂ©canisme dâexĂ©cution classique » pour les faire respecter. De mĂȘme, la CPI nâa pas de forces de police propres et doit compter sur les Ătats membres pour procĂ©der Ă des arrestations.« Dâun autre cĂŽtĂ©, nous assistons Ă la mobilisation dâun certain nombre de mĂ©canismes plus ou moins coordonnĂ©s destinĂ©s Ă punir la Russie pour livrer une guerre illĂ©gale », comme les sanctions Ă©conomiques, les restrictions de voyages et lâannulation dâĂ©vĂšnements sportifs.

Nous engageons toutes les parties Ă respecter strictement le droit international humanitaire et relatif aux droits humains.Tous les efforts doivent ĂȘtre entrepris pour limiter les souffrances infligĂ©es aux civils et accorder la prioritĂ© Ă lâhumanitĂ© dans cette crise.
Facteur privilĂ©giĂ© de crĂ©ation et dâĂ©volution des ensembles politiques, la guerre a spectaculairement jouĂ©son rĂŽle de remodelage de la sociĂ©tĂ© internationale.Quand lâhumanitĂ© abolira les abattoirs, elle abolira la guerre. La Terre est aujourdâhui un patrimoine en pĂ©ril, et lâespĂšce humaine elle-mĂȘme est en danger.
Les consĂ©quences Ă©conomiques et gĂ©opolitiques dâune telle situation commencent seulement Ă ĂȘtre chiffrĂ©es. Notre guerre Ă la planĂšte, risque dâavoir un coĂ»t de guerre mondiale, comme lâa rappelĂ© le Rapport Stern.
Pour cesser dâĂȘtre les parasites de la Terre, nous devons accepter de signer un nouveau traitĂ© de paix avec la nature. Nous avions le contrat social, qui liait les hommes, il nous faut maintenant nous lier Ă la nature. LâidĂ©e paraĂźtra Ă©trange Ă certains, mais elle est une suite logique de la prise de conscience Ă©cologique.
ArrĂȘter des violations graves et massives des droits les plus fondamentaux ce qui pose un autre problĂšme : celui de la hiĂ©rarchie de droits pourtant rĂ©putĂ©s indivisibles. Il faut avoir une Ă©galitĂ© de considĂ©ration pour toutes les urgences humanitaires, quels que soient leur zone gĂ©ographique, leur couverture mĂ©diatique, et les intĂ©rĂȘts des uns et des autres. Il faut considĂ©rer Ă©galement les intĂ©rĂȘts de toutes les victimes : cette exigence dĂ©rive directement de lâuniversalitĂ© des droits humains.
Câest ainsi quâil faut dĂ©fendre le respect des droits en temps de guerre : pas comme un principe dĂ©ontologiste que les stratĂšges balaieront dâun revers de la main au nom de lâefficacitĂ© et de la nĂ©cessitĂ© militaire, mais comme une rĂšgle consĂ©quentialiste qui produit gĂ©nĂ©ralement les meilleures consĂ©quences pour tous les individus concernĂ©s, y compris ceux, civils et militaires, de la puissance intervenante.
« Ce nâest jamais la lutte entre le bien et le mal, câest le prĂ©fĂ©rable contre le dĂ©testable. Il en est toujours ainsi, en particulier en politique Ă©trangĂšre». LâĂ©thique rĂ©aliste est celle du moindre mal. Pour cesser dâĂȘtre les parasites de la terre, nous devons signer un nouveau traitĂ© de paix avec la nature.