J’ai mal aux reins : symptômes, causes, traitements
Les reins sont parfois comparés à la « machine à laver » de notre corps. Situés sous les dernières côtes, de part et d’autre de la colonne vertébrale, ils contribuent à éliminer les déchets organiques, à filtrer le sang, à maintenir l’équilibre hydrique et le bon taux de minéraux dans notre corps, mais aussi à produire des hormones et des vitamines essentielles au bon fonctionnement de notre corps.
Leur inconvénient majeur : ils peuvent être malades sans qu’on ne le sache… Alors comment savoir s’il s’agit bien d’une douleur aux reins ? Quand et qui consulter ? Quelle prise en charge ? Réponses de Corinne Isnard Bagnis, néphrologue, professeure à la faculté de médecine Sorbonne Université et praticienne hospitalière à l’hôpital Pitié-Salpêtrière (Ap-HP).
Où se situent les douleurs aux reins ?
« Les maladies rénales sont silencieuses, et essentiellement liées à des complications suite à un diabète ou à une hypertension. La plupart du temps, ce n’est pas la douleur qui permet de les identifier, car les reins, même lorsqu’ils dysfonctionnent au point de ne plus fonctionner, ne sont pas douloureux », rappelle la néphrologue.
L’expression « avoir mal aux reins » est régulièrement employée, à tort, pour désigner une douleur située dans le bas du dos (lombalgies). Mais il arrive parfois que les reins soient réellement le siège d’une vive douleur, située de part et d’autre de la colonne vertébrale, dans la région lombaire.
Mal aux reins : il s’agit le plus souvent de douleurs lombaires !
Difficile, à priori, de savoir si la douleur vient réellement des reins. Il faut garder en tête que les douleurs au niveau des reins sont assez rares, et très spécifiques.
« La plupart du temps, il s’agit en fait d’une douleur au niveau du dos, dans la région lombaire. Ce ne sont pas les reins qui sont douloureux, mais les vertèbres ou les muscles« , insiste le Pr Isnard Bagnis.
Pyélonéphrite, cystite, pyélonéphrite… les causes des douleurs aux reins
Les maladies rénales ne sont donc pas douloureuses. En cas de douleur aux reins, seuls quelques cas spécifiques peuvent être mis en causes.
- Une colique néphrétique. « Ce phénomène concerne environ 10 % de la population, au moins une fois dans sa vie », indique la néphrologue. Et d’expliquer : « Il s’agit d’une situation particulière, liée au fait qu’un calcul (un petit caillou) est sorti des reins pour se diriger vers la vessie par le biais des uretères (de petits tubes musculaires qui relient les reins à la vessie), et s’est retrouvé bloqué à l’entrée de la vessie ». Conséquence ? Une hyper-pression très douloureuse, liée à la rétention des urines, qui ne peuvent plus s’évacuer. La douleur est généralement très brutale et nécessite une prise en charge rapide.
- Les infections urinaires peuvent aussi être à l’origine de douleurs aux reins. Envie très fréquente d’uriner (pollakiurie), brûlures à la miction, urines troubles ou malodorantes… Les symptômes ne trompent pas, il s’agit bien d’une cystite, une infection urinaire basse, très courante chez la femme.
- Et si ces symptômes s’accompagnent d’une fièvre intense, de frissons ou de douleurs abdominales, cela signifie que l’infection des urines a atteint les reins. On parle alors de pyélonéphrite. « La plupart du temps, il s’agit d’une complication de cystite non prise en charge ou résistante au traitement », précise le Pr Isnard Bagnis.
À noter : une colique néphrétique, une cystite ou une pyélonéphrite ne sont pas considérées comme des maladies rénales, car ils n’atteignent pas directement la fonction de filtration des reins. Toutefois, si elles tardent à être prises en charge, elles peuvent se compliquer et générer une septicémie ou un choc infectieux. Une insuffisance rénale aiguë (séquellaire), voire chronique, peut aussi se déclencher.
Quand s’inquiéter et qui consulter quand on a mal aux reins ?
« En cas de colique néphrétique, la douleur est tellement intense que les patients se rendent directement aux urgences« , témoigne la néphrologue. Seul un professionnel de santé pourra faire la différence et établir un diagnostic fiable pour prescrire rapidement le traitement le plus adapté !
Quant aux infections urinaires, souvent banalisées, elle nécessitant une consultation de médecine générale dès l’apparition des symptômes, pour limiter une évolution délétère. La douleur ne doit pas être négligée. En fonction de l’interrogatoire clinique et des différents examens, le médecin généraliste peut éventuellement orienter le ou la patient(e) vers un néphrologue ou un urologue.
Conclusion : si vous pensez souffrir d’une pyélonéphrite ou d’une colique néphrétique, rendez-vous rapidement à l’hôpital ou contactez le SAMU (15).
Le diagnostic passe toujours pas l’examen clinique et l’interrogatoire. Le médecin cherche à identifier précisément les symptômes et à retracer l’historique de la douleur.
- S’il suspecte une colique néphrétique, il peut prescrire une échographie ou un TDM (scanner ou tomodensitométrie) qui permettent d’identifier d’éventuels calculs rénaux, voire une malformation des voies urinaires.
- S’il suspecte plutôt une infection urinaire ou une infection des reins, il prescrira un ECBU (un examen d’analyse d’urines) à réaliser en laboratoire médical pour révéler – ou non – la présence bactéries.
- Enfin, s’il suspecte une atteinte rénale plus sévère, il pourra prescrire un dosage de la créatinine, permettant d’évaluer la fonction rénale de filtration, ou un dosage de l’albumine (une albuminurie).
Le traitement de la douleur est étiologique, autrement dit, il dépend de sa cause.
En cas de colique néphrétique, la prise en charge comprend des médicaments antidouleur (de type paracétamol) et des anti-inflammatoires pour diminuer l’inflammation liée au passage du calcul rénal, qui fait gonfler l’uretère, précise la néphrologue.
En cas de cystite ou de pyélonéphrite, des antibiotiques permettront de venir à bout de la bactérie qui en est la cause. À noter, le traitement peut aller de 7 à 14 jours selon les cas.
« La mise sous dialyse, la greffe de reins ou la transplantation rénale sont des traitements que l’on propose quand les reins ne sont plus du tout capables d’assurer leurs missions, par exemple, en cas d’insuffisance rénale avancée », précise la néphrologue.