Le Groupe Chimique Tunisien a vu filer sous le nez un marché de 500 millions de dinars
Le secrétaire général de la fédération générale du pétrole et de la chimie Salwan Smiri, a confirmé le refus d’une banque domiciliée à l’étranger d’accepter de financer un marché pour le Groupe Chimique Tunisien dont la valeur dépasse 500 millions de dinars destiné à l’achat de l’ammoniac nécessaire à l’industrie de transformation du phosphate, et ce en raison de la note souveraine négative de la Tunisie.
Ila précisé que ladite banque a opposé une fin de non-recevoir à une lettre de crédit du GCT en raison de la dégradation de la note souveraine de la Tunisie, au motif que la situation dans le Groupe échappe à son contrôle et ressortit à la situation politique qui a eu des répercussions et des effets négatifs sur le rating de la Tunisie.
La même source a affirmé, dans une interview au journal Echaab, que ce hiatus aura un impact négatif sur la situation économique et sociale et sur la situation des travailleurs, soulignant que cela prouve l’étroite interdépendance entre la politique, le social.
En effet, l’agence de notation internationale « Fitch Ratings » avait annoncé, vendredi 18 mars dernier, la dégradation de la note souveraine de la Tunisie de B- « négatif » à CCC, laissant entendre que la Tunisie ne parviendra pas à un accord avec le Fonds monétaire international en raison de l’opposition sociale aux « réformes ».
Le GCT, « sponsor financier » des emplois fictifs !
Déjà, le GCT avait l’année 2022, en janvier, avec un déficit estimé à 250 millions de dinars, dont 130 millions de dinars « au profit » des entreprises environnementales, qui regorgent d’emplois fictifs, et 120 millions de dinars pour développer l’agriculture, révélant que c’est le Groupe chimique qui se substitue sur ce registre à l’Etat .
Cela intervient à un moment où l’entreprise publique cherche à retrouver son équilibre financier grâce au retour progressif de la production et de l’exportation.
Un haut responsable de la Compagnie de phosphate de Gafsa Société a déclaré à Reuters que la Tunisie prévoit d’exporter plus de 300 000 tonnes de phosphate cette année dans la foulée d’une augmentation significative de la demande mondiale et qu’elle envisage d’exporter au moins 600 000 tonnes l’année prochaine.
Ila ajouté que la Tunisie, qui reprend ses exportations de phosphate pour la première fois depuis 11 ans, enregistre une forte demande de la part du Brésil, de la Turquie, du Pakistan, de l’Indonésie et de la France.
Une reprise « prometteuse »
Il est prévu que la compagnie de phosphate de Gafsa exporte des quantités importantes de phosphate commercial haut de gamme vers un certain nombre de clients à l’étranger, où elle va exporter une quantité estimée à 20 000 tonnes au Brésil, 10 000 tonnes à la Turquie et 10 000 tonnes à la France à la fin de ce mois et début du mois de juin 2022.
Il est à noter que la CPG a réalisé une production d’environ 1 130 000 tonnes de phosphate commercial, malgré la suspension de l’activité de la société à Rdeyef, et la fluctuation du rythme de production à Om Laarayes.
Elle a également réussi à répondre aux besoins du marché intérieur en fournissant aux deux clients traditionnels qui sont le Groupe Chimique Tunisien et la Société Indienne Tunisienne des Engrais « Tifart », une quantité estimée à 900 000 tonnes.
Pour sa part, le porte-parole du gouvernement et ministre de l’Emploi, Nasr Eddin Nsibi, a confirmé dans une déclaration au journal Assabah samedi dernier, le retour de la production de phosphate cette année à 75% de la capacité de production maximale, dans le but d’atteindre 100% de son potentiel, ce qui rejaillira positivement les ressources financières de l’État.
Dans le même contexte, et après la reprise du transport ferroviaire du phosphate par la ligne n°15 en mi-mars, le nombre de trains chargés de phosphate commercial vers les usines de fabrication d’engrais est passé de 59 trains en janvier à 111 trains en mars.
Egalement, le volume des quantités de phosphate fournies par la Compagnie de Phosphate de Gafsa via le chemin de fer à ses clients est passé de 63 mille tonnes en janvier de l’année en cours à 112 mille tonnes en mars.
D’autre part, selon les données obtenues par « African Manager » auprès de l’Institut de Gouvernance des Ressources Naturelles en Tunisie, les pertes financières de la société de phosphate ont été estimées au cours de l’année 2019 à 480 millions de dinars, alors que le coût de production a doublé d’environ 5 fois dans les 10 dernières années.
Quant aux charges des 7 sociétés environnementales liées à l’extraction et à la transformation des phosphates (Metlaoui, Om Larayes, Redeyef, M’dhila, Gafsa, Gabès et Sfax) qui comptent 12 200 agents, elles ont été estimées à 85 millions de dinars pour la compagnie de phosphate de Gafsa, 82 millions de dinars pour le complexe chimique, et environ 29 millions de dinars pour la Société tunisienne des activités pétrolières de la Société de l’environnement à Tataouine au cours de l’année 2019.
Le chiffre d’affaires du secteur avant 2010 s’élevait à environ 4 milliards dinars. Par la suite, ce chiffre a chuté à moins de la moitié, ce qui a directement fait grimper le déficit budgétaire de l’État.