L’UBCI profite de la brèche du coût des ressources, pour réaliser la 2ème grosse performance
Nous l’avions déjà dit, si l’Etat tunisien semble à court de liquidité pour investir et couvrir ses charges, le Tunisien ne l’est pas et semble encore disposer d’assez de ressources pour supporter la crise. A la fin des neuf premiers mois de l’exercice 2022, les banques tunisiennes cotées ont enregistré une croissance de l’encours des dépôts de 8,2 % à 78,3 milliards de dinars, ou un peu plus de la moitié du PIB (Pour le Benchmark, le PIB de la Tunisie en 2021 était de 151,059 Milliards DT selon chiffres de la BM). Et il est notoire que « le volume d’argent liquide qui circule en dehors du circuit bancaire organisé, varie entre 3 et 4 milliards de dinars », selon ce qu’indiquait le gouverneur de la BCT, Marouane El Abassi en octobre 2018.
Un chiffre qui aurait une explication. « Il semble que l’amorce de la reprise économique après la récession de 2020 (une croissance du PIB de 3,1% en 2021 contre une contraction du PIB en 2020 de 8,7%) ait favorisé le retour de la liquidité vers le circuit bancaire », indique une dernière analyse des performances du secteur bancaire, faite par l’intermédiaire boursier Tunisie-Valeurs (TV).
- L’UBCI reprend du poil de la bête sur les ressources
Avec la sortie partielle du Groupe BNP Paribas du capital de l’UBCI (cession de 39% du capital au Groupe La Carte) et la « tunisification » du capital de la banque, la physionomie des dépôts du secteur coté a changé. La part des dépôts détenus par les filiales de banques étrangères a diminué de 30 % en 2020 à 25,4 % en 2021.
L’UBCI s’est distinguée du côté de la collecte en 2021. « Le changement du tour de table réalisé en Mars 2021 semble donner un nouvel élan aux performances commerciales de la nouvelle filiale du Groupe La Carte », explique TV. L’UBCI n’a que le 10ème plus important montant de dépôt du secteur (La Biat étant la 1ère avec plus de 16,2 Mds DT, suivie par la BNA et la STB), elle n’en a pas moins enregistré le plus haut taux de croissance de ses dépôts. Une croissance à deux chiffres au niveau de son encours des dépôts (+16,7 %), avec un montant dépassant le cap de 3 milliards de dinars. « L’UBCI doit cette performance, principalement, à la bonne évolution des dépôts à vue et des dépôts à terme (une croissance respective de 19,8 % à 1,8 milliard de dinars et de 26,5 % à 473 MDT) », explique encore TV.
- Mettant à profit la baisse du coût des ressources, elle y puise
Et ce dernier d’indiquer encore que « malgré la faible étendue de son réseau commercial qui compte 103 agences seulement contre une moyenne de 135 agences pour le secteur coté, l’UBCI tire sa force de sa structure des ressources avantageuses dominée par les dépôts faiblement rémunérés (58 % des ressources proviennent des dépôts à vue, à fin 2021, soit la part la plus élevée à l’échelle du secteur bancaire). Cet atout lui vaut d’afficher le coût moyen apparent des ressources le plus bas de la place (de 2,8 %, selon nos estimations) ».
Les analystes de l’intermédiaire boursier n’ont pas jugé nécessaire de mettre en garde contre le danger d’une course aux ressources, comme on pourrait le penser. Décryptage : « selon nos estimations, le coût moyen apparent des ressources du secteur s’est déprécié de 55 pb (Points de base) à 4,4 % ; une baisse qui reste moins prononcée qui celle du TMM », expliquant cela par « l’invariabilité du taux directeur de la BCT et du taux de rémunération de l’épargne (TRE) à 6,25% et à 5% respectivement, la baisse du TMM moyen annuel de 62pb à 6,2% sur l’année 2021, par rapport à l’année 2020, et la stabilité de la proportion des dépôts à terme à 31,1%, qui ont permis de soulager le coût des ressources du secteur ».
Choisissant ainsi le bon timing pour le faire, la banque du groupe La Carte des Doghri (38,9 % à travers la SCF Holding), Tamarziste (12,95 % du capital), Sellami (8,85 %) et Bouricha (5,28 %), sans oublier les 11,09 % que garde la française BNP-Paribas, semble ainsi témoigner d’une bonne gestion des risques que pourraient représenter des ressources coûteuses.