Mort de l’écrivaine féministe égyptienne Nawal al-Saadawi
L’écrivaine Nawal al-Saadawi, 89 ans, figure égyptienne de l’émancipation des femmes dans le monde arabe, est décédée dimanche.
Mme Saadawi était autrice notamment de deux livres féministes de référence, «Au début, il y avait la femme» et «La femme et le sexe», a longtemps lutté pour les droits des femmes et contre le patriarcat dans le monde arabe.
Médecin, elle avait écrit plus d’une cinquantaine d’ouvrages dans lesquels elle se prononçait contre la polygamie, le port du voile, l’inégalité des droits de succession entre hommes et femmes en islam et surtout l’excision, qui concerne plus de 90% des Egyptiennes.
Elle avait quitté l’Egypte en 1993, après avoir reçu des menaces d’islamistes, pour rejoindre les Etats-Unis.
De retour en Egypte en 2005, elle s’est lancée dans une campagne présidentielle avant d’abandonner la course, assurant que les forces de sécurité l’empêchaient de conduire ses meetings électoraux.
En 2007, l’institution théologique Al-Azhar portait plainte contre elle pour atteinte à l’islam.
Elle a été critiquée en 2013 pour avoir soutenu la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par le général devenu président, Abdel Fattah al-Sissi.
Portrait de Nawal Saadawi (« les femmes se rebiffent »)
Nawal Saadawi, médecin, conférencière, écrivaine, féministe et militante égyptienne, a accordé une interview au journal « Le Monde » ou elle revient sur les combats qu’elle a mené dans son pays, et sur les droits qu’il reste à acquérir dans cette société conservatrice et patriarcale. Un portrait jonché de victoires et d’incessantes revendications.
Une esclave, dit-elle. « L’Egyptienne de base est l’esclave des hommes, l’esclave de la société, de la religion et du système politico-financier qui nous écrase tous. »
A bientôt 80 ans, la pasionaria du féminisme égyptien n’a rien perdu de sa combativité. Médecin, conférencière, écrivain prolifique récompensé sur tous les continents, auteure de romans, de nouvelles, de biographies, de pamphlets, de thèses et d’études diverses traduites en multiples langues, Nawal Saadawi jette encore, du haut de son balcon au 26e étage d’une tour des bords du Nil, un regard incrédule sur le combat de ses concitoyennes. « Il y a quelques progrès, consent-elle. Mais ils sont rares, très lents à mettre en oeuvre et pas toujours respectés. »
Elle avait visité notre pays à plusieurs reprises. Lors de sa dernière visite au début des années 80, elle avait été interviewée par la télévision nationale. Suite à quoi, le directeur général de la RTT avait été limogé au prétexte…que l’invitée avait omis de souligner les acquis de la femme tunisienne lors de son intervention.