Porsche Taycan : des débuts très timides ?
Si Porsche peut se féliciter d’un premier semestre excellent malgré la baisse logique des ventes en pleine crise Covid, le constructeur allemand affiche toutefois des ventes plutôt « faibles » pour sa Taycan.
La Taycan était très attendue, et c’est peu de le dire. La première voiture 100 % électrique de Porsche (de son ère moderne), adoptant un design de concept-car, aux performances de premier ordre et à la finition qui ferait pâlir d’envie n’importe quelle Tesla devrait pourtant largement faillir à ses devoirs. L’an dernier, avant que la crise ne se produise, Porsche avait un objectif : écouler 20 000 Taycan la première année pleine de commercialisation. Au moment de l’ouverture des précommandes, le prévisionnel de Porsche a par la suite grimpé à 30 000 exemplaires.
Les comptes du premier semestre sont, certes, à prendre avec du recul, mais il y a matière à réflexion. Porsche a livré un peu plus de 4400 Taycan à travers le monde : loin, très loin des 30 000 unités en un an, d’autant plus que Porsche avait expliqué livrer en priorité les Américains, qui n’étaient alors pas encore touchés par la crise. Oui, Porsche a fermé temporairement l’usine au plus dur de la crise en Europe, mais cela n’explique pas tout. L’excuse du Covid est donc évidemment valable, mais dans le même temps, Tesla a réussi à progresser sur les marchés matures comme l’Europe lorsque tout le monde chutait.
En décembre dernier, le patron de Porsche avait annoncé que la marque avait enregistré 30 000 commandes de la Taycan avec un acompte de 2500 €, dont 10 000 commandes « fermes ». Le Covid a effectivement engendré des difficultés pour les livraisons, mais si ces précommandes ont bien été validées et signées, cela voudrait dire que d’ici la fin d’année, Porsche aura livré près de 30 000 Taycan dans le monde. Le pari paraît ambitieux.
Bien entendu, plusieurs mois de vente ne permettent pas encore de tirer de vraies leçons. Porsche a-t-il été trop ambitieux avec un tarif extrêmement salé (150 000 € de prix de base en version Turbo) ? Ou bien, simplement, Porsche ne souffre-t-il pas face au réseau propriétaire de bornes de recharge de Tesla qui reste, en 2020, un argument imparable ? Le réseau Ionity, en partie développé avec Porsche, décolle trop doucement et reste extrêmement parcellaire face aux Superchargers. Et ça, un client qui débourse entre 150 000 et 200 000 € pour une voiture électrique, censée aussi voyager, ne l’accepte peut-être pas facilement. Nous en rediscuterons au 31 décembre.