Aïda Zahaf une rétrospective des » années Borj «
Mon aventure avec l’AAAP a commencé en 2002 lorsque son président Samir Sellami qui avait déjà donné un bon coup de fouet à cette association me propose la présidence.
Mes deux seules conditions étaient d’avoir Rawdha Kammoun Kaaniche comme secrétaire générale connaissant son implication, son dynamisme et son efficacité en tant que directrice de la culture à ce moment-là et n’avoir aucun artiste dans le comité directeur afin de pouvoir agir dans la transparence et librement et de n’être sujette à aucune influence…. Ceci a représenté le premier défi à relever. Là nous nous sommes tracé trois objectifs :
- Rapprocher le public de l’art
- S’ouvrir sur le monde artistique en Tunisie et à l’étranger
- Donner aux autres disciplines artistiques telles que sculpture, céramique et photo d’exister et se faire connaître. C’est ainsi qu’avec l’aide et le conseil de Lassaad Jammoussi,Salah Ben Amor,Raouf Karray,Ghazi Zalila et Hédi Trabelsi que nous avons concocté un programme annuel riche avec des expositions de qualité. Le regretté Joel Lardeux,les artistes Sfaxiens qui résident à l’étranger, dont Fatma Charfi, des expositions à thème, l’autoportrait, l’art et l’enfant ou peindre l’androgyne.
Des expositions concours, photo et audiovisuel céramique et sculpture et qui ont continué jusqu’à 2017.
Ceci en introduisant des rencontres avec les artistes, des colloques et séminaires.
Ayant atteint ces objectifs, je me suis préparée à laisser la place à d’autres, mais le gouverneur feu Mohamed Tounsi a refusé que je tienne une assemblée générale pour m’obliger à rester… La 2éme assemblée générale n’a eu lieu qu’en 2006 c’est à cette période que Borj Kallel est apparu.
En fait, il se trouve que depuis les années quatre-vingt-dix, j’ai commencé à me passionner pour les borjs, et essayer de les valoriser, à travers des petites causeries, cette passion pour les borjs s’est ajoutée à ma passion pour les arts plastiques à Borj Kallel en 2008 le local officiel de l’AAAP grâce aux efforts du maître Abdessalem Kallel. Depuis nos efforts se sont multipliés pour en faire un centre culturel qui rayonne par des actions sur la région, le pays et ayant une résonance internationale. C’était l’objectif à atteindre. D’ailleurs si vous revenez au mois de Ramadan 2008 sur la page de couverture de la Gazette du sud, 2 colonnes y figurent, le festival de la Médina et celui de Borj Kallel. Un comité de soutien composé d’intellectuels, de journalistes, de directeurs d’institutions et d’hommes d’affaires a contribué à l’élaboration d’un programme annuel varié et pluridisciplinaire donnant une place de choix au nom lucratif :
- « Le vendredi musical »
- La série empreinte qui rend hommage aux personnalités de la ville
- Expositions
- Colloques et séminaires traitant surtout de sujets en art plastique tels que marketing culturel et marchés de l’art
- L’art proxémique
- Des symposiums internationaux et dédicaces de livres sur divers sujets
- Des conférences
- Une place prépondérante a été donnée aux créateurs et artisans à travers des expo-ventes.
Le patrimoine a eu un très grande place dans les activités du Borj tant architectural à travers les 3 éditions SOS Borj en Péril ou immatériel tels que :
- Escapades aux pays du couscous
- Ancrage méditerranéen
- Festival de l’amandier
Nous sommes fiers d’avoir réalisé des événements qui ont un impact et contribué à changer le regard des habitants vis-à-vis des Borjs. Le patrimoine a également touché les enfants dans nombre activités et ateliers.
- Cerise sur le gâteau deux chorales musicales dont l’une LAEL est spécialisée dans le patrimoine musical régional et « La Do Ré » dans l’opérette et la comédie musicale toutes deux ont fait leur preuve.
Tout ceci avec des moyens financiers très limités.
Maintenant Borj Kallel doit prendre un autre tournant pour rayonner d’avantage. L’idée de répartir la masse du travail et la lourde tâche sur trois associations : association des amis des arts plastiques, propriétaires d’anciennes demeures pour le patrimoine matériel et immatériel et une pour s’occuper du côté musical allégeant.
Une chose est sûre parfois je me dis que ce que nous avons réalisé est du domaine du miracle mais le secret réside à mon avis dans :
- La passion et la forte conviction qui vous poussent vers l’avant même si vous nagez à contre-courant peut être le fait de ne pas être spécialiste dans l’association que vous gérez, fait que essayez de vulgariser la culture pour la rendre accessible. D’ailleurs un artiste connu à Dakar Viyé Diba Qui est venu en 2012 a conclu un séminaire sur la proximité en me disant : « madame vous avez confirmé ce que j’ai écrit il y a un mois , pour qu’une association marche il faut qu’elle soit gérée par un non spécialiste. »
En tant que coordinatrice je souhaite qu’avec cette restructuration, Borj Kallel rayonne davantage par ses activités multiples dans une atmosphère d’entente et de respect.