La récompense
Je ne sais si le béton
Est plus éloquent
Que l’encre
Si la pioche est plus pertinente
Qu’une métaphore de cancre
Je ne sais si le chapeau de chaume
Est plus élégant qu’un béret de poète
Je ne sais..
Comme un soleil dévertébré
Et quelques morceaux de pastèque
Entre des dents de ciment
Je ne regrette pas l’aubade
Des lèvres givrées
Le sommeil de la sueur
Sur le col d’un chemisier
Un matin laborieux
Distordant l’herbe de la jeunesse
Une fêlure de crépuscule
Ou une tombe curieuse
Dans la bouche du destin
L’été n’est pas pour cueillir des coquilles
Ou se vautrer sur l’estran humide
Je suis un homme
Je dépourpre les briques de l’amour
Je maudis à chaque souffle
L’ombre de la dynastie
Dire des mots sans couleurs
Balayer un sentiment inhérent
Ou percer des clous sur le christ estival
Je bâtis mon poème d’été
Un gratte-ciel sans fin
Tu vois du haut
Une existence légèrement barbue
Une jeunesse morcelée
Dans un banquet de sang..