En refusant de chanter l’hymne, l’équipe d’Iran offre le premier acte symbolique du Mondial
Les images de l’équipe d’Iran, battue 6-2 par l’Angleterre, sont fortes. Les joueurs subissent beaucoup de pression, assure le sélectionneur de la «Team Melli»
Carlos Queiroz, le sélectionneur portugais de l’Iran, a expliqué lundi que ses joueurs, balayés 6-2 par l’Angleterre pour leur entrée dans la Coupe du monde, étaient marqués par la situation politique dans leur pays. Le technicien a demandé qu’on les laisse «jouer au football».
«Vous n’imaginez pas ce qu’en coulisse, ces garçons vivent depuis quelques jours, simplement parce qu’ils veulent s’exprimer en tant que footballeurs», a-t-il déclaré à la presse. Les joueurs de la «Team Melli» ont décidé de ne pas chanter leur hymne national avant leur match contre l’Angleterre au Stade Khalifa, une décision interprétée comme un soutien aux manifestants et aux opposants en Iran. Leur capitaine, Alireza Jahanbakhsh, avait expliqué la semaine dernière que les joueurs décideraient «collectivement» de chanter ou non l’hymne.
Mais parmi les manifestants et les opposants au régime de la République islamique, beaucoup ont exprimé leur dépit devant ce qu’ils considèrent comme un manque d’engagement de la part de leurs footballeurs en faveur du mouvement «Femmes Vie Liberté» qui s’est levé après la mort, le 16 septembre, de la jeune Mahsa Amini (22 ans), arrêtée par la police des mœurs à Téhéran pour ne pas avoir respecté le code vestimentaire strict imposé par le régime.
«Pas de leur responsabilité»
Pour Carlos Queiroz, il est évident que le contexte politique actuel en Iran a un impact sur ses joueurs qui, a-t-il souligné, ne sont responsables ni des événements en Iran, ni du calendrier du Mondial 2022. «Ce ne sont que de simples garçons. Ce n’est pas de leur faute si la Coupe du monde a lieu en ce moment. S’il vous plaît, vous les professeurs, les moralistes, laissez ces garçons jouer au football. Il n’est pas juste de les faire venir pour cette Coupe du monde et de leur demander des choses qui ne sont pas de leur responsabilité», a plaidé le technicien portugais. «Ils veulent apporter de la fierté et de la joie à leur peuple, a-t-il poursuivi. Évidemment nous avons des sentiments et des croyances, et en temps voulu, nous les exprimerons.»
«En 2018 (lors du Mondial en Russie, ndlr), nous avions le soutien total de nos supporters et aujourd’hui, vous voyez ce qui se passe. Si les supporters ne veulent pas soutenir leur équipe, qu’ils restent chez eux», a souligné Queiroz, alors que des sifflets se sont fait entendre dans les tribunes durant l’hymne que les joueurs n’ont pas chanté. «Si les supporters ne soutiennent leur équipe que lorsqu’elle gagne, nous n’en avons pas besoin. C’est quelque chose que les joueurs ressentent. L’objectif est de faire en sorte que nos joueurs aient le sentiment que nous sommes à un spectacle formidable, que leurs esprits soient concentrés seulement sur le football», a-t-il expliqué alors que l’équipe d’Iran se concentre désormais sur son prochain match, vendredi contre le pays de Galles.