Les chavirages d’embarcation de migrants se multiplient
Les départs des candidats à l’exil vers l’Europe sont quotidiens face à la détérioration de la situation économique et sociale. La ville de Zarzis dans le sud tunisien vit dans la colère. Ils peinent à retrouver les corps du naufrage d’une embarcation de 18 personnes comprenant des jeunes âgés de 16 à 24 ans, avec deux femmes et un enfant, disparus depuis le 26 septembre dernier en mer. Les familles dénoncent la lenteur des recherches par les autorités.
Dans le centre-ville de Zarzis, les familles des disparus en mer réclament des explications devant la municipalité, où se tient une réunion avec le gouverneur de la région. Une mère qui a perdu son fils, âgé de 16 ans, ne veut pas donner son nom, mais elle exprime sa colère.
» Heureusement que les pêcheurs sont là pour nous et qu’ils arpentent la mer, parce que sinon, nous n’avons rien de la part des autorités jusqu’à maintenant. Nous voulons juste récupérer les corps et les enterrer, c’est tout « .
Depuis plusieurs jours, les pêcheurs sont en effet en mer et tentent retrouver les corps des Tunisiens disparus. Onze ont été repêchés, mais ils sont difficiles à identifier. Le soir, au port de Zarzis, une foule attend Chemssedine Bourassine, le pêcheur qui a mené ce mouvement de solidarité. Il est connu dans la ville, car il sauve des migrants lors de naufrages depuis des années avec ses collègues.
» Cela fait des jours que l’on cherche, nous sommes allés dans des zones assez reculées, nous sommes partis du côté de Djerba, de Kerkennah. Franchement, nous sommes arrivés à un stade où s’il y avait eu une aiguille dans la mer, nous l’aurions trouvée. C’est fatiguant et frustrant. Nous sommes dans une situation où nos espoirs résident dans le fait de trouver un corps mort, quelle tristesse. «
Les autorités ont promis d’agir pour identifier les corps déjà repêchés, mais la colère des familles persiste car certains cadavres auraient déjà été enterrés sans qu’elles en soient informées ou qu’un test ADN ait été prélevé.
La Tunisie rejoint la Libye comme pays qui alimente fortement les flux de migrants par cette route centrale. Pourquoi ? Parce que la Tunisie n’a cessé de s’enfoncer dans une grave crise tous azimuts. On peut dire que 2022 et ces dernières semaines, nous sommes arrivés dans une situation où la Tunisie n’a jamais connu ça.
Hassan Boubakri, professeur de géographie et des études de migrations à l’Université de Sousse en Tunisie