Un rapport à point nommé : Journalisme en Tunisie : l’heure de vérité
Au lendemain de la violente répression qui a touché une vingtaine de journalistes qui couvraient des manifestations contre le président Saïed, Reporters sans frontières (RSF) publie Journalisme en Tunisie : l’heure de vérité, un rapport qui met le doigt sur le risque de dilution des acquis de la révolution tunisienne.
Dans son rapport Journalisme en Tunisie : l’heure de vérité publié à Tunis le 19 janvier 2022, RSF tire un signal d’alarme : le journalisme en Tunisie est à un tournant de son histoire. La trop lente transformation du secteur médiatique tunisien depuis dix ans et les évolutions politiques récentes menacent la liberté de la presse, qui fut pourtant le premier acquis de la révolution tunisienne il y a 11 ans. Il y a clairement péril en la demeure, comme l’actualité récente en atteste.
Dans ce document d’une trentaine de pages, illustré par le caricaturiste tunisien Omrane, RSF examine les relations ambiguës qu’entretient le président Saïed avec les médias et les journalistes depuis son arrivée au pouvoir. Son coup de force du 25 juillet 2021 s’est accompagné d’une augmentation des exactions commises à l’encontre de la presse. Les scènes de violence lors des manifestations du 14 janvier, qui n’avaient pas été vues dans la capitale depuis le départ du pouvoir du président Ben Ali en 2011, n’ont fait que confirmer les inquiétudes quant au réel engagement du chef de l’Etat en faveur de la liberté de la presse.
“Nous sommes extrêmement inquiets de ce virage autoritaire qui impacte directement la presse tunisienne, déclare le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Outre le fait qu’elle est l’acquis immédiat de la révolution, une presse libre et indépendante est indissociable de l’avenir de la démocratie tunisienne. Nous appelons le président de la République Kais Saïed à s’engager résolument à préserver et à respecter les garanties constitutionnelles et les engagements internationaux de la Tunisie en faveur de la liberté de la presse et de l’information. ”
Le rapport évoque aussi les relations troubles entre les médias, le monde politique et celui des affaires qui entravent la mise en œuvre de réformes nécessaires pour garantir et consolider l’indépendance du secteur de la presse. L’incomplète transformation du secteur médiatique en Tunisie n’a toujours pas permis d’assurer un minimum de protection aux journalistes qui restent vulnérables aux pressions. Le besoin de réforme légale est un des points qui figurent dans l’appel lancé aux autorités et les recommandations faites aux journalistes en conclusion du rapport et dans le but de renforcer une liberté de la presse fragilisée et menacée.
La Tunisie se classe 73e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.