Le rappeur Swagg Man, d’un train de vie doré aux barreaux de prison en Tunisie
Le rappeur franco-tunisien Swagg Man a été condamné à cinq ans de prison pour blanchiment d’argent, une nouvelle illustration des malversations financières dont usent et abusent les puissants en Tunisie. Mais aussi un doigt d’honneur aux inégalités de richesse qui se creusent dans le pays, rapporte la presse tunisienne.NOS SERVICES
Il aime ce qui est scintillant, clinquant et extravagant. Iteb Zaibet, surnommé Swagg Man, a l’habitude d’être dans la lumière. Mais le 29 mars, ce nouveau riche est devenu un “futur détenu”, rapporte le journal tunisien La Presse. Le rappeur franco-tunisien originaire de Nice a écopé de cinq ans de prison pour blanchiment d’argent et escroquerie. Il doit aussi régler “une amende de 100 000 dinars” (un peu plus de 30 000 euros).
Il faut dire que l’homme ne manquait pas d’afficher sa fortune aux yeux de tous. Plus encore que d’étaler des signes extérieurs de richesse, il en est devenu l’incarnation dérangeante, dans un pays où les écarts de revenus ne font que se creuser de plus en plus. Comme le relève Business News :
Swagg Man aime tellement l’argent et le bling-bling qu’il s’est tatoué le logo de Louis Vuitton sur le crâne.”
Fans arnaqués
Le problème est que l’origine de la fortune du chanteur est occulte. En 2019, il a été accusé de blanchiment d’argent par la Banque centrale de Tunisie (BCT). En cause, 17 millions de dinars (5,2 millions d’euros) que Swagg Man dit avoir virés depuis la Suisse pour construire une mosquée, un centre pour les orphelins et acheter un hôtel.
Une philanthropie de façade, poursuit Business News, car dans ce montage financier complexe, même des fans du chanteur disent avoir été victimes d’escroquerie de la part de ce dernier
Le dossier Swagg Man n’est pas un cas isolé. Les malversations financières n’ont cessé d’éclabousser la classe politique depuis la chute de Ben Ali. Outre la responsabilité morale à ne pas piller les richesses nationales, le problème se pose lorsque l’argent devient synonyme de pouvoir, raconte La Presse :
Ils ont tout et disposent de tout ce qu’ils veulent jusqu’au jour où ils constatent que l’argent peut faire la célébrité et que le vedettariat peut devenir une forme de pouvoir.”
Si la “révolution du jasmin” est un souvenir décevant pour certains Tunisiens, force est de constater que le crime en col blanc est de moins en moins toléré, se réjouit cet éditorialiste :
Même si les parcours de ces nouveaux riches en Tunisie ne sont pas identiques, il semble que leur destin est le même : finir en prison.”