Chaffar va-t-il disparaƮtre ?

*Chaffar zone protƩgƩe*
Je remercie monsieur Riadh Bouaziz, enseignant chercheur en gĆ©omorphologie et en amĆ©nagement des littoraux. Actuellement, chef de dĆ©partement de gĆ©ographie, ce chercheur a commencĆ© ses travaux de recherche sur la plage de chaffar depuis 1999, puis il a fait un suivi pour Ć©tudier son Ć©volution. Ma premiĆØre rencontre avec lui revient Ć lāannĆ©e 2007 quand il a animĆ© une confĆ©rence organisĆ©e par l’association de sauvegarde du village estival Chaffar qui Ć©tait prĆ©sidĆ©e, Ć lāĆ©poque, par Imed Ben Ayed. Pendant cette confĆ©rence j’Ć©tais abasourdie par les dĆ©clarations qu’il avait avancĆ©es surtout en ce qui concerne la disparition probable de la seule plage existante Ć Sfax et dont les facteurs sont en partie en rapport avec la nature mais les erreurs humaines pĆØsent trĆØs lourd dans lāaccĆ©lĆ©ration du rythme de lāĆ©rosion.
En 2014, j’ai signĆ© avec 700 rĆ©sidents du village une pĆ©tition pour la relecture du DPM et pour la pause des ganivelles que jāai donnĆ©e moi-mĆŖme directement au ministre des affaires locales et de l’environnement,pensant que cette pĆ©tition serait un moyen efficace pour exercer une certaine pression afin que les actions de sauvegarde et de conservation puissent avancer de maniĆØre plus rapide. Mais malheureusement rien nāavait Ć©tĆ© rĆ©alisĆ©.(outre les images satellites Google Earth il y a les Ć©tudes purement scientifiques des chercheurs qui ont travaillĆ© sur la question de la dĆ©gradation de la plage de Chaffar depuis les annĆ©es 90 comme M. Bouaziz. R et Oueslati). Dans leurs travaux il y a tous les Ć©lĆ©ments de rĆ©ponses argumentĆ©s par des illustrations photographiques, cartographiques …etc. Il faut que tout le monde sache que la plage de chaffar est un milieu trĆØs sensible et vulnĆ©rable. Sa formation, telle quāelle se prĆ©sente aujourdāhui (sāĆ©tend sur 8km et formĆ©e par deux flĆØches littorales), est trĆØs rĆ©cente. Elle est alimentĆ©e en sable surtout grĆ¢ce aux apport sĆ©dimentaire de Oued Chaffar depuis les inondations de 1969. CommenƧant dĆ©jĆ par expliquer la vulnĆ©rabilitĆ© de la plage de Chaffar. Depuis les annĆ©es 1990 et 2000, les amĆ©nagements rĆ©alisĆ©s dans le bassin versant de Oued Chaffar (travaux de CES et surtout le barrage,) et en front de mer (destruction des dunes pour amĆ©nager des parkings, construire une muretteā¦etc) ont perturbĆ© lāĆ©cosystĆØme littoral et ont accĆ©lĆ©rĆ© le rythme de lāĆ©rosion de la plage. Ces questions ont Ć©tĆ© Ć©voquĆ©es par dĆ©tail dans les travaux de recherche de Bouaziz. R en 2001,2002,2003 et 2005 et Oueslati en 1993,2004 et 2008. Notons toutefois que la situation risque de sāaggraver au futur avec lāabsence d’interventions sĆ©rieuses pour sauver la plage surtout dans un contexte de changement climatique accompagnĆ© par lāĆ©lĆ©vation du niveau marin.
La rĆ©vision et la mise Ć jour du DPM, lāexigence dāune Ć©tude d’impacts environnementaux efficace et *sĆ©rieuse* ainsi que la crĆ©ation et la reconstitution des dunes par la mĆ©thode des ganivelles constituent une urgence pour sauver cette plage. Les constructions en hauteurs, lāamĆ©nagement des parkings, ⦠sont Ć©galement dĆ©conseillĆ©es car ils ont des impacts nĆ©gatifs sur la stabilitĆ© de ce qui reste de la plage au futur.
Je ne suis pas demandĆ©e de mener une Ć©tude scientifique dĆ©taillĆ©e sur la plage de Chaffar, car cāest le rĆ“le des scientifiques, mais je me trouve dans la responsabilitĆ©, obligĆ©e dāavertir tout le monde (responsables, rĆ©sidents, estivants ou autres) que la seule plage de Sfax risquera de disparaitre. Mais bien heureusement les signes futures sont assez positifs grĆ¢ce au directeur de l’Apal monsieur Walid Refai, le gouvernorat de Sfax, la municipalitĆ© de Mahres, l’association de sauvegarde du village estival Chaffar et bien d’autres qui suivent de prĆØs les problĆØmes de Chaffar ,espĆ©rant pour finir que les Ć©tudes d’impacts se fassent par une boite sĆ©rieuse et qu’au plus vite il y aura la relecture du DPM et la mise en place des ganivelles.
Aida Kchaou Khrouf