Il était une fois la littérature

*Au gré des souvenirs de rencontres littéraires
*Souvenir d’une rencontre avec Gisèle Halimi
Gisèle Halimi est décédée le 28 juillet 2020 à Paris. Paix à son âme. A ce propos, je me rappelle qu’elle est venue au Centre Culturel Français de Sfax le 5 février 1990 pour nous présenter son roman « Le Lait de l’oranger ».
Ce fut une rencontre agréable et mémorable car l’écrivaine n’était pas pour nous une inconnue ou une étrangère, mais une enfant du pays. Née à La Goulette, (Tunis/ Tunisie) le 27 juillet 1927, elle a passé son enfance et une partie de sa jeunesse en Tunisie.
Je me souviens, comme si c’était d’hier, ou disons d’avant-hier, car cela date quand même d’il y a trente ans (voir affichette) ; mais, comme l’invitée était exceptionnelle et que sa belle réputation l’avait précédée depuis longtemps, nous l’avons accueillie avec enthousiasme et intérêt.
C’est donc, en tant que romancière que le C.C.F. de Sfax l’a conviée (voir ses autres titres et fonctions dans l’encadré Biographie) à venir nous entretenir de son dernier livre du moment.
Je vais vous rapporter juste deux anecdotes du roman que l’auteure nous a relatées au cours de cette rencontre.
La première illustre sa passion d’enfant-lectrice.
Ses parents l’empêchaient de veiller tard et de lire à la lumière électrique. Alors, elle a trouvé un subterfuge pour se dérober à cette interdiction.
Elle se cachait sous une table couverte d’une nappe, allumait une bougie ou une lampe de poche et lisait, lisait … tard dans la nuit, tout son soûl.
L’autre fait, que Gisèle Halimi a narré à son auditoire, éclairait le titre original et insolite de son roman « Le lait de l’oranger ». N’ayant pas encore lu le livre, la plupart des présents à la présentation, ne pouvait pas deviner le rapport entre « le lait » et « l’oranger ».
Petite fille, elle n’aimait pas boire du lait. Alors, quand sa mère insistait pour qu’elle en boive, elle faisait semblant d’obéir et versait son bol de lait au pied d’un oranger planté dans le jardin familial. Ainsi, l’enfant pensait nourrir l’arbre et échapper à la consommation d’un produit qu’elle n’aimait pas.
C’était là une parcelle de ce souvenir d’une rencontre littéraire, je ne vous en dis pas plus, mais je vous promets d’autres récits de moments passés avec d’autres éminents créateurs et demeurés nichés dans ma mémoire, si ce genre de partage vous plaît.
Biographie
Gisèle Halimi, née Zeïza Gisèle Elise Taïb, le 27 juillet 1927 à La Goulette en Tunisie et morte le 28 juillet 2020 à Paris.
*Avocate, elle a défendu les moujehidines algériens et consacré 8 ans de sa vie à la cause de l’Indépendance de l’Algérie.
*Ecrivaine, elle a produit des livres dans le domaine romanesque et celui de l’Essai (v. encadré Biblio.)
*Militante féministe, elle a défendu des jeunes françaises jugées pour avortement illégal et elle a énergiquement participé à la promulgation de la loi autorisant l’avortement.
*Sur le plan strictement politique, elle a été ambassadrice et députée au parlement français.
Bibliographie
1 Romans et textes autobiographiques :
* « Le lait de l’oranger », 1988
* « L’étrange monsieur K. », 2004
* « La Kahina », 2006
* « Histoire d’une passion », 2011
Essais
* « La cause des femmes », Folio, 1973
* « Viol, le procès d’Aix-en-Provence », 1978
* « La nouvelle cause des femmes », 1997
* « Avocate irrespectueuse », Littérature, Contes 2002
*« La clause de l’Européenne », 2008
* « Ne vous résignez jamais », Payot, 2009
* « Une farouche liberté », Grasset, Août, 2020
Taoufik KALAMOUN