La clôture du salon annuel des arts de Sfax
Une vingt-sixième session au goût de l’orange
Le salon annuel des arts de Sfax fête cette année sa 26ième session. Les cimaises de la salle des fêtes municipale ont été ornées, du 22 février au 5 mars 2020, par une centaine de chefs-d’œuvre révélant la variété des styles et la subtilité des goûts artistiques de quatre-vingts artistes tunisiens et étrangers participants.
Trois prix ont été accordés aux lauréats lors de l’inauguration du salon par le gouverneur de Sfax, Mr Anis Oueslati.
- 1er prix (prix du gouvernorat de Sfax) : les deux artistes plasticiennes Henda Bouhamed et Lobna Abdelmouleh
- 2ième prix (prix de la Municipalité de Sfax) : les deux artistes plasticiens Mohamed Rekik et Fathi Bouzida
- 3ième prix (prix de la délégation régionale des affaires culturelles) : les artistes plasticiens Borhen Ben Aribia et Mohamed Sahnoun.
La clôture a été marquée par la remise des prix en présence du président de la municipalité des Sfax Mr Mounir Elloumi. A cette occasion, une conférence présentée par des artistes et chercheurs, a remis en question l’histoire des arts plastiques à Sfax. La conférence a été précédée par une minute de silence en hommage au peintre, et l’un des fondateurs du salon des arts, feu Hbib Ben Massoud.
Le thème choisi, n’est pas évident selon le Pr Khalil Gouia. A vrai dire, il n’existe pas d’histoire des arts plastiques à Sfax. Ce qui existe réellement, ce sont surtout les artistes plasticiens issus de la région. Lors de leurs interventions, les conférenciers ont essayé de répondre à cette question en rendant hommage aux artistes qui ont laissé une empreinte artistique remarquable.
Le professeur Sami Ben Ameur, a fait un tour d’horizon à propos les différentes sessions du salon depuis sa création en 1986 par des éminents artistes sfaxiens, comme Khlil Aloulou, Hbib Ben Massoud, Nouri Damak, en passant par les galeries et institutions qui l’ont abrité, en regrettant la crise culturelle dont on souffre depuis la Révolution. Une crise causée entre autres, selon le professeur Abdeltif Hachicha par le dogmatisme religieux et la centralisation. A ceci s’ajoute l’absence d’un espace spécial dédié aux expositions. La rareté des galeries dans la ville demeure un problème épineux et une question urgente qui devra faire partie des préoccupations des responsables régionaux.
Mme Fatma Samet a été aussi présente à la clôture pour parler de son expérience originale dans le monde du textile. Il est à rappeler qu’elle est la première femme artiste plasticienne (ayant étudié l’art plastique à l’université) à Sfax. Son apport dans le domaine est essentiellement lié à son intérêt et ses recherches en matière de textile.
Le textile artisanal est un art authentique qui va de pair avec les autres expressions artistiques. Déjà, lors de ses voyages et sa longue expérience en Tunisie, en France, et en d’autres pays africains, elle a appris une variété de techniques dont elle s’est servie ensuite en tant que conseillère responsable du développement du secteur des industries artisanales.
Mme Héla Hdhili s’est intéressée, pour sa part, aux femmes artistes issues de Sfax, en mettant en valeur leurs affinités et les spécificités de leurs visions, tel est l’exemple de Fatma Charfi, Fatma Samet, Najoua Abdemaksoud, Mouna Jmal Siala, Aïda Kchaou etc…
Quant à l’artiste Fetah Ben Ameur, il a regretté l’état des lieux des arts plastiques à Sfax, et plus généralement les difficultés de la vie culturelle dans la région. Une ville qui compte un million d’habitants et jusqu’alors sans salle de cinéma, ni galerie municipale pour célébrer un pareil salon. Le départ était dans la salle municipale des fêtes et 34 années plus tard, rien n’a changé, sachant que sa vocation cadre mal avec les normes nécessaires pour l’exposition des œuvres artistiques. Malheureusement, les responsables à l’échelle régionale n’ont pas su tirer profit de la manifestation «Sfax capitale de la culture arabe» en 2016, puisqu’aucun local approprié n’est encore disponible pour pallier à la pénurie des espaces culturels à Sfax.
A bon entendeur!
Islam Hadj Sassi