Rahma Mallek: Experte internationale auprès du Bureau International du Travail

Du droit au monde du coaching et de l’entrepreneuriat
Juste travailler sur nos points forts et faire preuve de persévérance ». Ainsi pensait la jeune Rahma Mallek dont l’histoire est l’une des success stories. Elle a rejoint la Faculté de Droit de Sfax en 2007. Après sa licence, elle a obtenu un mastère en droit fiscal qui lui a permis, suite à de plusieurs formations et expériences inspirantes dans le domaine du coaching, de leadership et d’entrepreneuriat de décoller dans le monde des affaires.
Les diplômes ne sont pas toujours suffisants..
« En dépit de ma spécialité, j’ai découvert après un stage dans des cabinets d’avocats que je ne suis pas faite pour la pratique judiciaire. Je suis un peu émotive et cela cadre mal avec le monde du contentieux et des tribunaux. Cela n’empêche, j’ai beaucoup aimé le droit et c’est grâce à cette passion que j’ai réussi pendant mon cursus universitaire. L’enseignement universitaire demeure mon rêve ultime. Or, ce n’est pas ainsi que les choses sont faites. Et les chemins ne sont pas toujours parsemés de roses et de tapis rouges ! Avec un mastère professionnel, on ne peut pas faire un doctorat et donc, réussir les concours de l’enseignement supérieur. Heureusement, il y a toujours une brèche, un éclat de lumière au bout du tunnel. J’ai décidé alors de réaliser mon rêve, en devenant une experte, et donc, apte à enseigner à la faculté».
Les premiers pas dans le monde du coaching et d’entrepreneuriat
« Le programme Wes était une opportunité à ne pas rater pour moi. A travers ce programme au profit des jeunes diplômés, j’ai découvert le monde de l’affaire. Le vrai monde et non pas celui décrit à travers les textes de lois. Ensuite, et grâce à Mme Leila Keskes, ma vie a pris une nouvelle tournure. J’ai participé en 2013 à la formation des formateurs dans le domaine de leadership et des médias sociaux. Une semaine après, j’étais convoquée pour passer un test pour accéder officiellement au monde du coaching. C’était le premier véritable pas pour moi et la première réussite sur le plan professionnel. Au lieu de faire un saut dans le vide, j’ai fait de mon mieux pour décrocher plusieurs attestations, et diplômes entre 2013 et 2015, en réalisant que je ne pourrais jamais être subordonnée à un employeur suite à une expérience dans un cabinet d’expert comptable. J’ai participé presque à toutes les formations pour booster mes compétences et enrichir mon CV, notamment aux formations organisées par les pépinières des entreprises, Centre d’affaire, centre Moubedra, programme Kawader etc… Le programme « mon projet est mon avenir » que j’ai préparé en mettant en œuvre mes connaissances acquises lors de ces formations, m’a permis d’intégrer trois centres de formation professionnelle privés à Sfax en 2016 ».
Des centaines d’heures de formation gratuites
« Ensuite, j’ai présenté ce programme à l’Union de la femme. Une centaine de femmes y ont adhéré. En 2018, j’ai été formatrice, modératrice et facilitatrice dans le cadre du programme ingénieur pour tous. Juste après, j’ai assuré cent vingt heures de formation gratuite au centre de formation professionnelle Bach Hamba, et dans d’autres centres en collaboration avec la pépinière des entreprises. J’ai l’intime conviction que l’univers est soumis à la loi de la réciprocité. Lorsqu’on fait une chose sans attendre une contrepartie, on est récompensé autrement. C’est une sorte d’équité divine sans l’ombre d’un doute. Ces longues journées de fatigue et de don de soi pour véhiculer mes connaissances aux autres ont été compensées. Suite à ces formations, j’ai été automatiquement inscrite sur la liste des experts comptables en tant que formatrice en matière des obligations sociales et fiscales. Ce qui m’a permis par la suite d’assurer des formations à l’Agence de promotion de l’agriculture, et tant d’autres agences et institutions étatiques, malgré le fait que seuls les experts comptables ont le privilège de faire des conventions avec ces organismes. J’ai fait beaucoup de sacrifices pour atteindre ces postes. Il n’était guère facile de faire tout cela sans l’encouragement de mon mari, surtout avec deux bébés et une longue liste de responsabilités familiales ».
Experte internationale auprès du Bureau international du Travail
« L’année 2019, est une date phare dans ma carrière. Ma carrière a pris un nouvel élan avec l’ouverture de mon bureau en tant que conseillère fiscale. En plus, j’ai été sélectionnée parmi de nombreux candidats et actuellement, je suis experte internationale auprès du Bureau international du Travail, dans le cadre du projet AFERE. Un projet qui réunit tous les ministères concernés par l’amélioration de la situation des femmes rurales. J’ai préparé une note méthodologique pour la concrétisation de ce projet dans plusieurs délégations. Quatre-cents femmes vont bénéficier de ces formations, réparties sur une vingtaine d’ateliers comprenant chacun vingt cinq femmes. Ce projet est en cours et il sera probablement plus généralisé au futur. Le mois dernier, je suis de retour aux centres de formation professionnelle, mais cette fois-ci pour former les enseignants chargés du module création d’entreprise. A mon avis, cette matière qu’on enseigne à la faculté et qu’on accorde généralement à des théoriciens, non praticiens ou spécialistes en la matière, doit être revue et révisée. Pour l’enseigner, il faut avoir une vision globale à propos d’un grand nombre de matières : droit, finance, gestion, comptabilité, marketing, etc.. De même, j’ai assuré une formation pour les accompagnateurs en mode coaching dans le cadre du programme TAMS ».
« Ce que je fais à travers les formation où mon travail en tant que conseillère constitue pour moi une raison d’être et une manière de faire face au monde. J’ai relevé les défis et déçu certaines personnes qui n’ont pas cru en moi en traitant les titulaires des licences appliquées ou les mastères professionnels comme étant des chômeurs potentiels. Il faut croire en soi et apprendre à quitter nos zones de confort. Tenter beaucoup de choses et échouer. Saisir les opportunités et bien exploiter son diplôme qui aura certainement une valeur quelconque si tu en fais un bon usage. Surtout, il faut s’inspirer de ceux qui nous découragent, leurs mots aussi blessants qu’ils soient doivent alimenter notre sens de défi et notre volonté. J’aime ce que je fais. Etre enseignante et formatrice est épanouissant, et donne un sens à mon existence. J’aime transmettre mes connaissances, aider les gens et leur prêter main forte pour qu’ils puissent avancer et se surpasser ».
Islam Hadj Sassi