Allocution d’ouverture de M. Slaheddine Zahaf Président du FIDEF
Chères consœurs,
Chers confrères
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs
Ce grand paquebot parti, le 18 septembre 1981 de Bordeaux, créant notre Fédération internationale des Experts comptables et Commissaires aux comptes, accoste aujourd’hui sur les rivages de la Tunisie. Nous sommes ravis de l’accueillir, fier de le voir faire le tour du monde francophone, conduire à bon port, chaque année davantage, de nouveaux membres.
Notre bonheur est d’autant plus grand que vous avez répondu aussi nombreux à notre invitation pour célébrer ensemble, ici à Yasmine Hammamet, le 40ème anniversaire de notre Fédération. En quatre décennies, la FIDEF a fait preuve de son utilité, de son importance et de sa capacité à rassembler notre profession autour de valeurs communes et d’ambitions pour l’avenir.
Au-delà de la célébration de tant d’acquis, si précieux, c’est la projection dans l’avenir qui exige de nous tous échanges et concertations, unité d’action et solidarité. Comment agir ensemble, dans ce nouveau monde qui commence, afin que notre profession joue pleinement son rôle fondateur, mais aussi assume désormais en outre ses nouvelles missions. Telle est l’interrogation que nous partageons tous et à laquelle nous devons esquisser une réponse appropriées, lors de nos travaux.
- Notre colloque international se tient au moment où la Tunisie s’apprête à accueillir deux grands sommets. Le premier, est la conférence 8e conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8) qui se tiendra à Tunis les 27 et 28 août prochain, sous le thème de « Un levier pour le financement du secteur privé Africain ». Pas moins de 5000 participants du Japon, de pays africains et d’autres continents y sont attendus.
- Le second est le 18 ème sommet de la Francophonie qui se déroulera à Djerba, les 19 et 20 novembre 2022, au niveau de chefs d’Etat et de gouvernement et sera précédé par une série de manifestations économiques et de rencontres d’affaires. Outre les délégations officielles, les rencontres professionnelles grouperont plus de deux milles participants.
Ce sont-là deux opportunités précieuses de rencontres et de partenariats que je vous invite à saisir, et je me réjouis d’avance de pouvoir vous recevoir de nouveau, bientôt à Tunis et à Djerba.
Mesdames et Messieurs,
Dans un monde en si profondes transformations, nous devons mettre à profit chaque occasion qui se présente pour nous rapprocher les uns des autres. Il s’agit de nous nous interroger et de nous éclairer mutuellement sur ce qui est en train de se passer, ce qui va se passer et ce qui changera notre façon d’agir.
Trois crises mondiales successives s’accélèrent depuis quelques années : une crise économique et financière, une crise sanitaire et une crise politique, sécuritaire et alimentaire qu’engendre la guerre d’Ukraine. Si leurs prémices sont perceptibles, leurs conséquences réelles sont encore difficiles à cerner avec précision. Ce qui est certain, c’est que nous entrons tous, aucun pays n’en fera exception, dans un monde de nouveaux risques, qui impose des exigences nouvelles. Le changement des équilibres stratégiques, économiques, financiers et technologique impactera fortement nos pays, nos entreprises, notre mode de vie.
De plain-pied, nous entrons dans un monde de vigilance, de transparence et d’efficience :
- Vigilance : pour faire face à tant de risques périlleux qui s’abattent à l’improviste et mettent tout en danger. Du risque sécuritaire et de guerre, à celui sanitaire, alimentaire, de récession et autres, nous devons nous prémunir en prévoyant les dispositions appropriées et en agissant afin d’en réduire les dégâts.
- Transparence : pour nous conformer à une société de plus en plus ouverte, où plus rien ne se cache, et tout se passe de façon instantanée devant tous. Cette exigence s’érige en règle de conduite, en forte exigence, non-seulement légale, mais aussi et surtout éthique.
- Efficience : pour faire du devoir de résultat, un devoir pour tous. La pérennité de l’entreprise se mesure à sa croissance, et la stabilité d’un pays, à sa prospérité et son progrès.
Vigilance, transparence et efficience sont au cœur de notre profession. Ils constituent pour nous autant de défis majeurs auxquels nous devons répondre. Les thèmes retenus à l’ordre du jour de notre colloque aujourd’hui s’y inscrivent. Contribution au développement, à la lutte contre la fraude fiscale et le blanchiment d’argent, et renforcement de notre profession constituent nos priorités.
Chers consœurs et confères,
Honorables invités,
Dans ce nouveau monde, complexe est compliqué, notre responsabilité première, alors que persistent les diverses crises et s’aggravent, est de sauver l’entreprise. Experts comptables et commissaires aux comptes nous nous trouvons ainsi projetés en première ligne au quotidien pour éviter à nos clients et partenaires, tout naufrage, toute déperdition. Une lourde responsabilité qui se poursuit pour susciter, accompagner et soutenir la rentabilité, la croissance, de l’entreprise et de l’économie.
Avant d’être experts comptables et commissaires aux comptes, nous sommes d’abord, experts, investis en tant que tierce confiance, reconnus pour notre compétence, notre intégrité et notre professionnalisme. Ce qui est attendu de nous est important, crucial. Comment alors assumer la haute charge qui est désormais la nôtre ? Comment permettre à notre profession de jouer pleinement son rôle ?
L’avancée des sciences, des savoirs et des technologies, et l’enrichissement de notre expertise, nous permet aujourd’hui de renforcer nos compétences et moyens d’action. La digitalisation, accélérée sous le Covid par le travail à distance, a fait progresser notre manière de travailler. Le temps gagné par l’intégration numérique de tant de données et de fonctionnalité, est consacré en temps de réflexion, d’analyse et de conseil au profit de nos clients et partenaires. Au sein de nos propres cabinets, beaucoup de changements sont intervenus. Nous devons y persévérer, et les convertir en avantages pour nos équipes, nos clients et nous-mêmes.
Nos horizons doivent s’élargir, au-delà des nouvelles normes comptables et autres mesures, à un périmètre plus important, celui des nouveaux enjeux pour nos sociétés et pour notre planète. La responsabilité sociale, les changements climatiques, la lutte contre la précarité, l’ancrage de la solidarité, méritent notre attention. Nous devons les prendre à bras le corps et les insérer au cœur de nos missions.
Nous devons aussi et surtout, consolider la position de notre profession auprès des pouvoirs publics. Sans cette poussée collective continue, nous ne pourrons faire avancer la législation et moderniser la réglementation. Par la pertinence de nos propositions, l’assiduité de notre présence au sein des instances concernés, et la qualité de nos relations avec les décisionnaires, nous pouvons accomplir des résultats significatifs.
En partageant avec vous ces réflexions préliminaires à nos travaux, je voudrais poser la question qui nous interpellent tous au sein de la FIDEF : Y’a-t-il une spécificité francophone dans notre profession ? Où, d’une autre manière : C’est quoi un expert-comptable et un commissaire aux comptes francophones ? Est-ce le simple partage d’une même langue, la langue française ? Est-ce l’exercice d’une même profession, dans des normes proches, et des plans quasi-similaires, au sein d’un même espace linguistique ? Ou est-ce encore, l’accès à de mêmes références ? Tous ces dénominateurs communs se trouvent en fait conjugués à même élan, celui de notre attachement à de mêmes valeurs.
La Francophonie, nous la vivons, au-delà des langues maternelles et celles acquises, comme une adhésion à des valeurs universelles d’humanisme, d’équité, de droits, de libertés, de paix, de sécurité, de service à autrui et de respect de la vie, toute vie, à commencer par celle de la nature et de l’environnement. Nous ne gérons pas des chiffres, nous portons une ambition. Pour nos cabinets, pour nos clients, pour nos pays, pour notre planète. Ce qui nous distingue des autres, c’est cet idéal commun. Être expert-comptable et commissaire aux comptes francophone, c’est s’investir dans une grande et noble ambition pour tous.
Dans l’accomplissement de cet idéal francophone, notre excellente et prestigieuse FIDEF n’a cessé d’impulser un élan moteur. Depuis 40 ans, elle œuvre d’arrache-pied pour nous réunir, des quatre continents, raffermir nos liens, consolider notre position, faire porter notre voix.
- Oui, nous avons besoin d’une FIDEF forte en tant que structure d’appui et d’accompagnement.
- Oui, nous avons besoin d’ordres et d’instituts francophones rayonnants.
- Oui, nous avons besoin d’experts-comptables et commissaires aux comptes francophones, compétents et agissants ?
En rendant hommage aux pères fondateurs de la Fédération, et à tous ses dirigeants successifs durant ces quatre décennies, je me dois de saluer tous mes collègues membres du conseil d’administration ainsi que ceux du bureau. Leur contribution au rayonnement de la FIDEF est aussi précieux qu’exceptionnel. Une mention spéciale est largement méritée par notre cher et excellent délégué général, Arnaud Debray qui assure au quotidien un travail de toute première importance ainsi que son équipe, certes réduite, mais très efficace.
Je vous souhaite un bon colloque, un bon séjour à Yasmine Hammamet et vous remercie pour votre attention